Hailthé
Une première chose, une bonne fois pour toutes, si on vous demande pourquoi un « H » à « Hailthé », répondez simplement (sauf à une personne susceptible, violente et mieux armée que vous) : « Il ne sert à rien, c’est comme bien d’autres choses… ». Et si on vous demande si vous avez mangé de l’ail, proposez de boire du thé, voilà l’hospitalité de Hailthé quand on y a été. Ceci dit, il y a bien plus à Hailthé que ce que l’on peut y voir au premier coup d’œil, beaucoup plus… Jugez plutôt !
Les aspects de l’île en deux mots
L’île est peu peuplée et, signe des conditions de vie difficiles qui y règnent, ses habitants sont encore surtout des Indiens Carabines.
Pourtant, l’île présente un aspect avenant à l’approche de sa côte, comme toutes les Iles Carabines somme toute. Mais quelque chose y règne, une atmosphère indéfinissable qui met l’arrivant très mal à l’aise… Il ne le sait peut-être pas mais il s’agit de la source du Vaudou et sans connaissances et protections adéquates - jalousement gardées par les Carabines - il est aussitôt en réel danger de mort !
Physiquement, l’île est très montagneuse : trois chaînes parallèles et couvertes d’épaisses forêts jusqu’à près de deux mille mètres définissent l’aspect de l’île avec leur orientation Ouest-Nord-Ouest vers Est-Sud-Est. La plus au Nord reste relativement peu élevée tandis que la chaîne centrale est la plus haute, massive et culminant à plus de trois mille mètres en un dôme de rocailles d’un rouge sombre, le Pic Ma Caille qui porte bien son nom tant il y fait froid ! Enfin, la chaîne du Sud monte en pente douce en allant de l’Est vers l’Ouest et, ayant presque atteint deux mille cinq cents mètres, retombe assez abruptement dans la mer, donnant à cette pointe de Hailthé l’aspect d’une forteresse noire naturelle contre les eaux, d’où son nom, le Noir Bastion…
Les vallées de l’île sont profondes et difficiles d’accès, emplies d’épaisses forêts de Mapou, l’arbre sacré de Hailthé, ce qui ne laisse guère d’autre endroit que les étroites plaines côtières pour l’installation de petits villages où les Indiens Carabines d’ailleurs s’entassent.
A l’Ouest de l’île, entre la chaîne centrale et la chaîne du Sud, une plaine plus importante se déploie mais un marécage immense y règne, ce qui en rend l’exploitation difficile : il s’agit de la Plaine des Moustiques, ce qui en dit suffisamment sur les plaies à en attendre… Autant les vallées montagneuses sont le refuge de quelques puissants Shaman des Temps Immémoriaux, autant ces marécages abritent les antres des Sorciers Vaudou, les Bokor. Quant aux Prêtres et Prêtresses du Vaudou, ils habitent les villages et villes (en criole Halithé on dit Poubelles et Cioutas).
Seulement deux ou trois Cioutas ont d’ailleurs une taille plus remarquable, dont deux sont les principaux ports de l’île : Port aux Pinces à l’Ouest, sept mille deux cents habitants et siège du Gouvernement de Hailthé (de la Kolonie tout du moins), et Bois Calmement à l’Est de la Plaine des Moustiques, treize mille cinq cent habitants et économiquement la plus importante. Evoquons encore Baronnies, deux mille cinq cents âmes… et presque autant de Guédés ! (Nous n’exagérons qu’à peine…) Pour le reste, Hailthé ne compte qu'une vingtaine d'agglomérations d'à peine plus de cinq cents habitants et un total (difficilement estimé) de quarante mille habitants.
(Très) abrégé d’histoire de Hailthé
Hailthé est habitée depuis des temps immémoriaux (voir Chronologie) par des Carabines mais l’occupation de l’île est longtemps restée sporadique et l’île n’a jamais eu une population importante.
Probablement que les Loa, en particulier Goût Feraille, y furent pour quelque chose, y compris par la suite, car la colonisation de Hailthé qui avait vivement commencé avec la fondation de Bois Calmement fut soudainement coupée net dans son élan : en effet, les Carabines et une majorité des esclaves de l’île se révoltèrent vers 240 ACU à la suite des interrogatoires musclés que subirent les Mambo, Houngan et autres Bokor et des maltraitances généralisées envers les esclaves. La colonisation n’avait que quelques années et déjà le Vaudou suscitait toutes les convoitises. Contre toute attente, la révolte, qui éclata à la faveur d’une cérémonie Vaudou géante conduite dans la Plaine des Moustiques non loin de Bois Calmement, fut un succès et la plupart des Colons furent chassés ou massacrés.
C’est à la suite de ces événements que le Vaudou se répandit dans l’ensemble des Iles Carabines puis du reste du Monde Connu, dans des formes ou variantes plus ou moins incomplètes ou abâtardies dans un premier temps. Les conditions de vie sur Hailthé devinrent plus précaires que par le passé et de nombreux Halithés émigrèrent. Ce fut la deuxième vague de déploiement du Vaudou, celle qui le mit à niveau et qui en assura le succès mondial.
Depuis cette époque, quelques villages, villes et ports se sont malgré tout un peu développés ou re-développés sur les côtes de Hailthé, constitués d’une population essentiellement Carabine, légèrement « agrémentée » d’un mélange de Colons et Mulâtres, qui évitent toutefois pour la plupart les vallées et montagnes, mystérieuses et jugées dangereuses… A juste titre si on considère le ratio de ceux qui sont revenus par rapport à ceux qui y sont partis ! Dans l’intérieur des terres vivent encore exclusivement des Carabines ou des descendants d’esclaves ayant développé une vie de « sauvages », les Marrons. Ils sont en très petit nombre car l’intérieur des terres, montagnes et forêts de Mapou, reste essentiellement le domaine des Loa et de quelques Shaman à l’antique…
Les structures politiques en Hailthé et en bref
Il convient de bien distinguer les villages Carabines des Cioutas et Poubelles de la Colonie (en criole Kolonie, c’est très facile), qui, au mieux, s’ignorent et se rencontrent peu ou pas.
Les Carabines sont relativement peu organisés au niveau de l’ensemble de leur territoire. Ils reconnaissent avant tout le pouvoir (au départ spirituel) d’un Shaman et celui (vraiment politique) d’un Chef de Village, souvent héréditaire et à vie, parfois choisi par les familles notables du village. Il y a un interdit strict qui empêche qu’un Shaman devienne Chef de Village et vice-versa.
Concernant la Kolonie, le pouvoir politique est plus structuré et la religion en est séparée, au moins officiellement. Chaque Poubelle a élu un Cap Poubelle (chef de village en criole), ainsi que chaque Ciouta. Dans le second cas, le Cap Ciouta comme on l’appelle est entouré d’une petite équipe qui assure le gouvernement de la ville. On l’appelle la Clique. Enfin, à Port aux Pinces se trouve le Gouvernement de la Kolonie, constitué par le Gouverneur Kolonie, lui-même choisi par les Caps Ciouta et Caps Poubelle pour un ou plusieurs mandats (dont la durée n’est pas complètement fixe de toutes façons). Entendre par là : le Gouverneur fait en Hailthé dans la Kolonie (et parfois pour…) à peu près ce qu’il veut… sauf la pluie et le beau temps ! Le Gouverneur actuel est un Personnage sombre et autoritaire, adepte reconnu du Vaudou. On le surnomme à ce titre Baron Kolonie et on ne le nomme en général pas par son nom. Ne pas entendre par là qu’il serait un Loa, ni même un Houngan ou un Bokor ! Quoique, quoique la rumeur… Mais nous préférons sur ces sujets très politisés ne pas colporter les rumeurs et cessons d’ailleurs là pour ce bref aperçu des structures politiques en Hailthé.