Le Grand Courant Rentrant et le Grand Courant Sortant

Le premier des lieux où s'interrompt la Ceinture des Sales Garces, au Nord du Monde Connu, est une zone profonde d’au moins quatre mille mètres (On ne sait pas sur quoi se fonde cette affirmation cependant…) et large d’environ cinq cents milles marins, parcourue par un très fort courant NW-SE (Nord-Ouest-Sud-Est) qu’aucun vent ne saurait contrer, le vent dominant étant de toutes façons orienté à l’Ouest. On l’appelle le Grand Courant Rentrant car il vient de l’Immense Océan et rentre dans le cercle du Monde Connu.

Les bateaux peuvent, pendant de rares périodes de l’année – en général les lunaisons autour des équinoxes mais ce n’est pas toujours régulier – profiter d’un vent du NE qui seul permet de remonter le courant suffisamment, partant de Grand Départ-La Pavane à Cuba pour parvenir au Pays Madelascar. La route inverse est quant à elle possible presque toute l’année lorsque le vent d’Ouest est suffisamment fort, ou par vent de Sud ou SW.

Dans tous les cas la navigation n’est pas à la portée du premier venu et ce sont les seules possibilités de joindre les Carabines et le reste du Monde Connu. Cela n’empêche pas que les liaisons soient régulièrement effectuées par des navigateurs confirmés.

Le Grand Courant Sortant se trouve à l’Est du Monde Connu, juste au Sud de l’Equateur, dans une zone de vents dominants de NE durant l’été austral et de SE durant l’hiver austral. Il est orienté WNW-ESE. Le Grand Courant Sortant évacue logiquement autant d’eau qu’il en rentre par le Grand Courant Rentrant, à peu de chose près. Il est cependant beaucoup plus étroit – à peine trois cents milles marins de large – et pas plus profond : par conséquent, le courant y est beaucoup plus fort et le chenal entre le Pays Ni’On au Sud et les Iles Zébrydes au Nord est réputé impossible à traverser, d’autant que rares sont en fait les cartes donnant une estimation exacte de sa largeur.

Subissant de plus l’influence irrégulière du Grand Tourbillon de l’Est, le courant est si fort que la mer est comme agitée d’un tumulte permanent. Quand le vent de SE souffle fort, au beau milieu de l’hiver austral, on assiste à de véritables « tempêtes par beau temps ». En été, le vent de NE a moins d’influence mais les cyclones s’abattent régulièrement sur la région.

La réputation de cette mer n’est plus à faire et rares sont les fous à oser se lancer à l’aventure sur ses flots. C’est pourtant par le milieu du Grand Courant Sortant que serait passé le Capitaine Lamarck pour son périple « autour du monde »…

L’origine de ces deux courants est inconnue. On les dit remplis de monstres marins inimaginables, qui se laissent porter au fil de l’eau, venant de l’Immense Océan et y retournent sans se fatiguer, peut-être en quête de bonnes pêches dans les eaux riches du Monde Connu…

La Grande Traverse Nord et la Grande Traverse Sud

C’est le nom donné aux deux mers associées aux deux Grands Courants. L’une, comme son nom l’indique, se trouve au Nord de la Mer des Mille Tourments, l’autre, au Sud de cette même mer. A l’image des deux Grands Courants, elles sont parcourues par un courant central très fort qui fait le tour de la Mer des Mille Tourments.

La largeur combinée de ces deux mers étant plus grande même que celle du Grand Courant Rentrant et la profondeur moyenne similaire, les courants y sont logiquement moins forts. La navigation à contre-courant y est possible mais rarement effectuée car elle présente peu d’intérêt. Par contre, ces deux courants sont souvent utilisés pour la navigation le long des côtes de l’Archipel de la Sonde, en direction de Djavavava et Souleumat’la, ou de l’autre côté, entre les Grandes Carabines et les Iles Zébrydes. Les Grandes Traverses se trouvent en moyenne à cinquante milles nautiques des côtes les plus proches mais peuvent, selon les endroits, passer à moins de vingt milles nautiques de tel ou tel cap.

Le courant est plus fort dans la Grande Traverse Nord qui est la moins large des deux. On dit aussi qu’il y aurait moins de monstres marins.

Il n’est pas possible de traverser le Grand Courant rentrant en passant de la Grande Traverse Nord vers la Grande Traverse Sud (ou inversement) car la jonction de ces trois mers est particulièrement turbulente : c’est en fait le lieu de naissance de la Mer des Mille Tourments… De même là où se termine la Mer des Mille Tourments, à la jonction des deux Grandes Traverses dans le Grand Courant Sortant.