Deux négociations délicates

Et de une…

Dans le cas du Médaillon à la Tête de Zèbre™, le mieux serait que nos Jeunes Pirates réalisent qu’il faudrait avoir un peu de tact, voire d’habileté, tant qu’à rendre son Médaillon à la Sorcière du Marais.

Le tact, cela veut dire ne pas chercher à négocier un échange entre le Médaillon et d’autres objets ou, par exemple, la recette pour le Pilotage Vaudou de la Suzon (ou seulement l’incantation à « Baron Samedi à Ch’val ») puisque la Sorcière s’en sent légitimement dépossédée…

D’autre part, le possesseur du pendentif aura peut-être déjà réalisé que le médaillon dévore en fait son « âme » (en termes techniques du Jeu, son Pouvoir). Si ce n’est pas le cas, la Sorcière ne lui révélera rien et partira d’un grand éclat de rire en lâchant : « De toutes façons, tu viendras me le donner toi-même bien assez tôt ! Et Pedro Delgado – qu’il aille rôtir chez le Grand Z…! – l’aurait bien déjà ramené s’il ne l’avait stupidement laissé couler par le fond de la Crique des Brigands… Eh oui, mes petits, je sais tout cela ! ».

L’habileté, ça peut vouloir dire aussi : ne pas montrer le Médaillon ni en parler en premier et aborder les éventuels autres sujets d’intérêt avant. Il est probable que la Sorcière sentira rapidement la présence de son Médaillon mais elle fera comme si de rien n’était pour voir où les intrus veulent en venir et pour éviter de montrer la valeur que le Médaillon a pour elle, et il n’en a pas qu’un peu !

Enfin, ceux qui voudraient s’assurer que Delgado sera bien libéré de son Limbe (c’est la question d’intérêt du moment !) feraient bien d’expliquer directement à la Sorcière que c’est Delgado lui-même qui a insisté pour qu’ils reviennent lui porter le Médaillon, avec ses excuses les plus plates pour ses mauvaises actions. Encore mieux si Delgado a griffonné un mot : la Sorcière sait lire et ce geste lui arrachera un sourire furtif. Elle confirmera en claquant des doigts (C’est du chiqué, ça ne sert à rien !) que le Fantôme de Delgado est libéré, comme ça, pfft ! Et que nos amis ne devraient plus le revoir. En fait, ils le reverront encore une fois dans ce cas et s’ils sont de nouveau à la Suzon dans les vingt-quatre heures, car il tiendra à les remercier pour sa libération. Au cas où personne ne s’assurerait que la Sorcière libérerait bien le Fantôme de Delgado, celle-ci ne peut de toutes façons pas continuer longtemps à le retenir dans son Limbe, quelques jours, tout au plus, simplement pour le plaisir de lui faire peur en lui faisant croire que sa malédiction se poursuit. Noter que cela peut brouiller un peu les cartes et perturber les plans de la bande de nos Jeunes Pirates…

Si nos amis Jeunes Pirates suivent d’autre options, mène leur un peu la vie dure mais sache aussi apprécier la valeur d’un bon jeu de rôle et les récompenser pour cela en dénouant l’affreuse malédiction qui plane sur le Fantôme de Pedro Delgado. Il t’en saura gré lui aussi !

Et de deux !

Pour monnayer la terrible invocation au « Baron Samedi à Ch’val », il est entendu qu’on doit déjà avoir abordé le sujet avec la Sorcière qui fera tout d’abord mine de ne pas comprendre et / ou de ne pas savoir : « J’en ai entendu parler, il est vrai, mais je n’y connais goutte… » Et de tonneaux du même cru. Si on insiste et semble sûr de son fait (à toi de gérer cela, ami Meneur !), elle demandera pourquoi nos jeunes Amis Pirates veulent connaître cette incantation – simple curiosité de bonne femme quoi ! Enfin, si elle se trouve satisfaite de la réponse, ayant donc implicitement admis connaître l’invocation, elle prendra un air si terrifiant et une voix si caverneuse que la flamme de la chandelle qui éclaire chez elle semblera s’éteindre un instant alors qu’elle fera une mise en garde définitive avant d’éclater de rire en s’ébouriffant follement les cheveux ! Si tu le préfères, Ami Meneur, ce genre de scène pouvant paraître sortir quelque peu de l’ambiance bon enfant de notre jeu (toute ressemblance, etc. purement fortuite…) tu peux toujours préférer faire une chute encore plus ridicule à la Sorcière, une vraie chute par exemple, d'elle ou bien de sa perruque…

Un Jet d’ « Aplomb + Passage en Force » (ou bien en « Aplomb + Discrétion » pour ne pas éclater de rire si fin ridicule jouée) sera nécessaire à celui ou celle qui voudra après cela confirmer son souhait d’apprendre l’invocation au « Baron Samedi à Ch’val »… Et un moyen de paiement adéquat car les vaisselles de neuf vies dans la cuisine d’une Taverne de Tortuga n’y suffiraient pas ! Retiens pour cela, Ami Meneur, la règle de Faust suivante, c’est le cas de le dire : le paiement se fait d’avance – et pour chaque candidat – et une nuit devra être consacrée à l’apprentissage de l’invocation, en solo avec la Sorcière… Il faudra pour paiement un objet de valeur forte ou trois de valeur moyenne (Les objets de valeur faible ne sauraient convenir…) – voir la table fournie dans la section « Quel est votre prix ? »

Encart : l’invocation au « Baron Samedi à Ch’val »

En fait de « Ch’val », on parlerait plutôt ici d’un zèbre car cette invocation terrible associe le Vaudou Hailthé traditionnel (Baron Samedi) au Vaudou du Loa Zèbre que dans le meilleur des cas on ne connaît pas et dans le pire on pratique…

Nous t’en livrons en exclusivité et en résumé les éléments essentiels ci-dessous (Toute reproduction et utilisation sans consentement du Hailthé Vaudou Artisanal Club sont strictement interdites !) : pour l’invocation, l’invocateur doit se munir de lunettes de soleil sinon Baron Samedi ne viendra pas. Plus elles seront fumées, plus la monture sera flashy, voyante et colorée (ne pas dire ni penser ridicule) – encore mieux si on en a plusieurs paires empilées – mieux Baron Samedi sera disposé. Il faudra également se munir d’un balai de fibres de coco qu’on habillera d’un tissu blanc peint de rayures noires et qu’on enfourchera pour danser follement durant l’incantation.

Ceci étant dit, l’invocation va délirant et virevoltant ainsi :

« Baron Samedi, Baron Samedi ! Tu m’as dit un mercredi, je viendrai si ça me dit dimanche… ou lundi ! Baron Samedi, même un mardi ou un jeudi, enfourche le hardi, enfourche le fourbi, le fourbu, tire-lui la tirelire, tire-lui la queue, tire-lui le crin, fais-le braire, rends-le chèvre car pour l’heure c’est toujours un zèbre ! Baron Samedi, mène-moi sur ton zèbre tondu, sur ton zèbre confondu : hippocampe hippostrié, ce zèbre des mers nous ralliera bien où nous voulons aller ! Allons, Allons ! Que ses sabots nous portent, nous portent jusqu’à son bon port… »

Et il est, sinon interdit, du moins vivement déconseillé d’écrire la formule sur quelque support que ce soit, ce qui revient à dire qu’il va falloir l’apprendre par cœur et ne pas en changer un mot ni oublier une virgule pendant l’invocation, sous peine de fâcher vraiment soit Baron Samedi, soit le Grand Z…, soit le bouquet, les deux !

D’après la comptine – Pardon, l’invocation ! – à Baron Samedi à Ch’val, il semble que le vendredi ou le samedi ne soient pas des jours favorables puisqu’ils ne sont pas évoqués : un doute peut subsister concernant le samedi mais nous te le confirmons à toi, Ami Meneur, ce n’est pas de bon usage ! Toutefois, on peut en fait permuter les jours de la semaine, si nécessaire, les règles essentielles étant de ne jamais prononcer deux fois le même jour ni ajouter un jour non cité dans la version originale, durant l'invocation. En cas de répétition d’un jour, on risque d’avoir ledit jour une visite inopinée et désagréable de Baron Samedi très mécontent car l’invocation fautive l’a désarçonné de son zèbre / hippostrie / cheval (comme on l’entend) et il entend bien en tirer réparation en rossant le rustre, voire en le jetant par-dessus bord pour le noyer en pleine mer !

(Ami Meneur, gradue en fonction du niveau de la Réussite ou de l’Echec du Jet de dé fait pour l’invocation – Rappel : Jet en Pouvoir + Trucs Vaudous Insolites.)

Et si l’invocation réussit ?! Eh bien… Tout dépend de la recette vaudoue qu’on a concoctée pour aller avec ! (Voir quelques détails dans la section concernant la kitchenette de la Suzon) Et s’il n’y a aucune recette sur le feu à ce moment, très probablement a-t-on une question à poser au Baron-Samedi… Si oui et si elle a l’heur de ne pas le vexer (il faut aussi pour cela qu’il sache y répondre), il se fera un plaisir d’y répondre en faisant son show façon « Jackson Five » en solo équestre avant de redisparaître dans un épais nuage de fumée. Sinon, eh bien pas de chance ! Ca sera le même tarif qu’une invocation ratée : Baron-Samedi est très mécontent qu’on l’ait dérangé pour rien ou qu’on lui pose une colle (il ne l’admet simplement pas) et il le fera savoir de diverses manières à la partie postérieure du fauteur du trouble… Ne pas oublier de prévoir un espace assez grand et, le cas échéant, haut de plafond pour accueillir les deux Loa : si jamais Baron-Samedi devait en arrivant se cogner la tête et / ou courber l’échine, il va de soi qu’il ne descendra pas de sa monture pour rien ! Et la monture pourrait bien y mettre aussi quelques bonnes ruades et bons coups de dents de son cru… Ne pas dire qu’on n’a pas été prévenu – Même si c’est peut-être vrai ! – cette invocation est vraiment extrêmement dangereuse à manipuler !