Rituels Vaudou

Le cérémoniel Vaudou est bien loin d’être unifié et on en trouve des variantes de toutes sortes dans chaque région ou ville de Hailthé, même si à l’extérieur de l'« Ile Potomitan », c’est en majorité le « Rituel Bois Calmement », dans une version très orientée vers les Guédé, qui s’est exporté. Une constante cependant entre toutes ces variantes : la danse, omniprésente. De plus, le Rituel suit à peu près toujours la structure suivante : Salutations, Porter des Drapeaux, Invocations aux Loa, Libations, Veve, Sacrifice et Offrandes et enfin Chevauchée. Ce que nous allons décrire un peu plus en détails à présent.

Les Salutations

Toute Cérémonie Vaudou commence par une interminable série de Salutations dansées entre les participants, envers les objets du culte puis enfin à l’attention des Loa, salutations au Potomitan du Sanctuaire, le tout sur fond de percussions tonitruantes et instruments à vent stridents.

En particulier si des invités de marque sont présents ou bien si la ou les « Montures » sont préparées pour un puissant et terrible Loa comme Legba ou Baron Samedi, les Salutations peuvent durer une éternité…

Les salutations aux Loa s’accompagnent généralement de libations : de l’eau est aspergée à l’entrée du Houmfor et de son Péristyle, ainsi que contre le Potomitan et dans les quatre directions cardinales (les Kat'Kardinaux). Ces salutations arrosées ont lieu au début bien entendu, notamment pour inviter Legba et les esprits à la Cérémonie, mais sont également répétées plusieurs fois au cours des rites.

Porter les Drapeaux

Chaque Houmfor possède deux Drapeaux qui lui sont propres. Leur aspect ainsi que le Rituel qui s’y rapporte rappellent l’armée et les marches militaires mais dévoyées en une danse frénétique qui marque l’ouverture de la Cérémonie Vaudou après les Salutations.

Les Servantes des Loa, deux Hounsi, portent les deux Drapeaux, les agitent en tous sens et marquent les Kat'Kardinaux durant cette danse puis se placent à l’entrée du Houmfor, formant comme une porte avec les deux Drapeaux, en particulier pour accueillir les invités de marque de la Cérémonie.

Les Drapeaux sont ensuite placés autour du Potomitan où ils restent jusqu’à la fin de la Cérémonie. Ils sont ensuites soigneusement rangés.

Invocations : le chanter Criole ou le chanter « Langage »

Prières, cris, suppliques font partie intégrante du rituel d’une Cérémonie Vaudou et sont proférés ou chantés, usuellement en Criole (le Criole se criant assez bien et haut perché) ou dans la langue vernaculaire de l’endroit où a lieu la Cérémonie. La langue n’a d’ailleurs que peu d’importance en général même si les mots du Criole halithé se sont pas mal exportés à l’international en même temps que le Vaudou : les Rituels proférés en d’autres langues ne se sont pas montrés vraiment moins efficaces, ce qui montre que les Loa n’ont pas de problème à être polyglottes ! (Il n’en reste pas moins que les Guédé, par exemple, sont de meilleure humeur si on s’adresse à eux en Criole halithé.)

En réalité, la langue véritable du Vaudou n’est aucune de ces langues « laïques », pas même le Criole halithé ; la vraie langue du Vaudou est ce qu’on appelle « le » Langage. Le Langage est une langue secrète, connue des seuls initiés que sont les Houngan, Mambo et Bokor et c’est la langue des Loa (Il reste quoi qu'il en soit que les Guédé semblent préférer parler en Criole…), qu’ils sont ainsi les seuls à comprendre et pouvoir interpréter. Langue unique en son genre dans le Monde Connu, d’aucuns disent qu’elle serait la langue du mythique Pays des Daurades mais nous ne saurions guère en dire plus nous-mêmes ici…

Tracer les Veve

Les Veve sont des dessins stylisés symbolisant les Loa et que l’on trace au cours de la Cérémonie pour les faire venir : on peut les voir comme des portes facilitant aux Loa l’accès au Péristyle du Houmfor. Ils sont tracés pour la plupart en même temps que sont prononcées les invocations aux Loa. Par exemple, un Veve typique pour Agoué représente un bateau de haute mer, pour Lambada Vélo deux serpents avançant depuis le Sud vers le Potomitan, pour Erzulie un cœur enluminé comme le serait un napperon de dentelle, etc.

Ces dessins, comme lesdites portes, ne sont pas tracés pour durer ; ils sont littéralement jetés à même le sol sous la forme de lignes de farine ou de grains, beaucoup plus rarement de sang.

Dans les Cérémonies les plus importantes – notamment une nouvelle initiation ou un grand sacrifice – le ou les Veve peuvent être extrêmement enluminés et aisément remplir de motifs détaillés une surface de cent mètres carrés !

Le Sacrifice et les Offrandes

Un synonyme usuel pour une Cérémonie Vaudou est le terme « Service » et de fait une Cérémonie Vaudou est un Service offert aux Loa, un véritable festin pour les plus puissants d’entre eux ou lorsque la prière qui leur est adressée est de quelque importance ; par exemple : pour le succès d’une expédition en mer, on offrira aisément (mais pas toujours avec facilité) sur son Veve à Agoué une caisse de morue et une grande boîte de biscuits de bord, le tout arrosé de rhum jusqu’à ce qu’il n’ait plus ni faim ni soif, ce qui se voit à l’état de la Monture qu’il se sera choisie pour l’occasion…

Nous ne dresserons pas ici une liste complète des menus préférés des Loa car ce serait interminable. Juste encore un ou deux exemples afin de te donner suffisamment d’idées, Ami Meneur : Legba aime à se faire servir une grande variété de plats qui doivent par contre tous être boucanés sans exception ; Sakpatates ne se dérangera pas si on ne lui sert au moins quelque pièce de gros gibier faisandée à en être un sac à vermine sur une corbeille de légumes pourris et arrosé par exemple d’un jus de mangues laissé à tourner ; Baron Samedi appréciera quant à lui le sacrifice d’un bouc noir plein de vigueur qu’on aura longuement et totalement oint de rhum piment (aïe, aïe, aïe !) ; et ainsi de suite…

Le Sacrifice et les Offrandes aux Loa sont le plus souvent déposés sur les motifs des Veve du Loa concerné, apprêtés en mets s’accordant à ses goûts. Pour l’alcool, il est généralement projeté sur les autres Offrandes et sur les motifs Veve également.

Ainsi comprend-on que les adeptes du Vaudou parlent souvent de Service pour désigner leurs Cérémonies.

Musique et Danses

La musique et la danse sont l’élément clef et omniprésent dans les Cérémonies Vaudou dont ils rythment le déroulement tout en changements et brisures de rythmes entrecoupant des phases rapides, voire frénétiques, ou au contraire lentes mais jamais reposantes !

L’orchestre minimum d’une Cérémonie Vaudou comprend au minimum - mais est généralement bien plus important ! - trois tambours de peau tendue sur des troncs creusés : l’Assoto est le plus gros et peut mesurer jusqu’à deux mètres de haut, la Manman mesure un bon mètre de haut et le Pitibaka, plus petit et frénétique. Les rythmes sont endiablés mais le Pitibaka est le plus endiablé. C’est toutefois généralement la Manman qui mène la danse et l’Assoto assure la base rythmique. Quelques flûtes ou instruments à vent peuvent venir compléter la folie de l'ensemble pour des Cérémonies plus importantes.

Les musiciens sont des professionnels qui ne sont généralement pas initiés du Vaudou. Ils ont commencé à jouer encore enfants lors de temps morts pendant les cérémonies puis sont peu à peu devenus des maîtres en leur art ; il n’y a pas d’autre voie !

Il y a une variété incroyable de danses, dont certaines plus spécifiques à un Loa, par exemple la Banda obscène de Baron Samedi ou le Guédé-fatras de toute la famille, la Bourrée lourde de Cousin Zakka, le Yanvalou ondulant de Lambada Vélo, etc. Concernant – c’est important – les danses qui aident à faire repartir les Loa ? (Nous voulons dire par là qui les invitent à repartir dans leur dimension…) On trouve la Mazone et le Crabigné par exemple: ils ont en commun le pas latéral qui aide généralement en cela ! Enfin, on trouve des danses qui servent pour les rares intermèdes dans les Cérémonies, comme le Swing par exemple. Au total, la liste des danses du Vaudou ou utilisées dans le Rituel est interminable, aussi cesserons-nous là.

La Chevauchée

La musique et la danse provoquent la transe des adeptes, c’est-à-dire l’arrivée du ou des Loa (normalement) attendus dans l’enceinte du Houmfor, au cours de la Cérémonie, autrement dit, la « Chevauchée » de la « Monture » par le Loa : à ce moment, la Monture, même si elle était morte de fatigue, redouble d’énergie et se met à danser la danse que le Loa veut danser et l’orchestre se met à suivre. Il arrive même parfois que des morts se remettent ainsi à danser mais c’est rarement lors d’une Cérémonie Vaudou dans un Houmfor, plutôt lors d’un Rituel Zombi conduit dans l’Antre d’un Bokor ou dans un cimetière…

Inversement, à la fin d’une Cérémonie, la musique et la danse (des adeptes qui ne sont pas chevauchés) en marquent la fin et tâchent de faire partir les Loa… qui se font parfois prier mais c’est une autre histoire et une affaire de compétence du Houngan ou de la Mambo !

On l’aura compris, il est rarissime que les Loa apparaissent par eux-mêmes ou même par l’intercession d’un animal par exemple. En fait, ils surgissent dans ce plan de l’existence presque exclusivement par la possession d’un adepte, ce qu’on nomme au figuré la « Chevauchée », l’adepte devenant la « Monture » comme nous l’avons déjà sous-entendu ici et là.

A ce moment et pour toute la durée de la Chevauchée, la Monture sera infatigable et elle se comportera strictement selon le caractère et la volonté du Loa : ses paroles (souvent en Langage) seront les paroles du Loa, ses gestes et ses actes seront entièrement ceux du Loa, que la Mambo ou le Houngan pourra alors essayer d’interpréter.

Pour que la Chevauchée survienne et que le Loa en soit satisfait – sinon gare ! – il convient que les objets favoris du Loa soient à disposition dans l’enceinte du Houmfor. En général la Monture s’en saisira dès le commencement de la Chevauchée et elle les utilisera comme le Loa l’entend, offrant par exemple le rhum-piment à l’Assemblée dans le cas de Baron Samedi…

Lorsque la Chevauchée s’achève, c’est-à-dire que le Loa repart dans son propre plan d’existence, la Monture retombe en général sur le sol et sombre dans le sommeil ou une sorte de coma pour plusieurs heures à plusieurs jours selon l’intensité et l’importance de la Cérémonie. Mais elle sera désormais honorée comme telle par les adeptes et ce d’autant que le dicton suivant se vérifie bien souvent : « Monture d’une fois, Monture toutes les fois ! », chez certains toujours avec le même Loa. Dans ce cas, il vaut mieux bien le prendre et, espérons-le, avoir des affinités avec lui !