Bokor, Houngan et Mambo, les uns comme les autres, officient dans un lieu de culte qu’on appelle un Houmfor ou bien encore un Antre dans le cas des Bokor.

Ce lieu de culte peut aller d’un cagibi dans la cabane d’un Bokor de campagne jusqu’à une chapelle souterraine de grande taille, dédiée au culte d’un grand Loa comme Goût Feraille ou Baron Samedi, dans une ville comme Bois Calmement, jusqu’à des lieux sacrés en forêt ou dans les montagnes. On connaît même, originaire d’Hailthé et en tournée permanente dans les Petites Carabines, le Cirque Etranz et son Houmfor nomade installé sous un grand chapiteau : il permet d’organiser de grandes cérémonies Vaudou même dans des îles très petites et qui ne pourraient pas en organiser de telles.

Chacun de ces lieux peut être dédié à un ou plusieurs Loa, qui en sont les protecteurs et qui viennent parfois le visiter. On peut les y convoquer, notamment par le biais de la transe, que la Mambo ou le Houngan fait en général subir à un ou une fidèle afin d’en tirer des oracles. Le Bokor peut préférer entrer en transe lui-même.

Si on cherche à décrire les éléments essentiels (pas forcément les plus remarquables pour le laïc) du Houmfor et de son contenu, on va d’abord trouver le Péristyle avec le Potomitan et les Kat’Kardinaux : le Péristyle est une cour, en général carrée, couverte ou non, fermée ou non et d’ailleurs même pas forcément ceinturée de colonnes ! Le Potomitan ? Un mât central, parfois très orné, qui fait partie de l’architecture ou non mais qui est en tout cas le pôle d'attraction du Houmfor. Enfin, les Kat’Kardinaux ne sont autres que les quatre directions cardinales. Celles-ci sont marquées d’une manière ou d’une autre, allant d’une simple ligne de poudre semée sur le sol à une architecture à quatre allées débouchant sur quatre portes du Houmfor, donnant d’ailleurs l’aspect d’une croix au Péristyle lors d’une cérémonie bien fréquentée…

Très importants et remarquables sont : d’une part les deux Drapeaux aux « armes » du Houmfor et de ses Loa protecteurs ; d’autre part les cruches d’eau et les pots de farines et autres poudres stockés là en grande quantité et normalement pleins au début d’une grande cérémonie.

L’importance et le rôle de ces éléments seront mieux perçus lorsque nous parlerons du Rituel.

Dans le Houmfor de chaque Houngan ou Mambo, on trouve aussi toute une quincaillerie très variée, en particulier des choses un peu morbides au premier aspect, ainsi que de nombreux matériaux de rebut qui sont utilisés dans le Vaudou : copeaux de bois, argile, cire, etc. Entrent dans cette dernière catégorie poulets séchés (en général sans poulie…), sang de chauve-souris, foie de requin et autres yeux de lézards ou poudres de cornes de rhinocéros (fort rares et dont la collecte est d’ailleurs interdite depuis fort longtemps…) qui ornent des étagères poussiéreuses dans des bocaux d’alcool frelaté ou d’autres produits plus suspects encore.

D’ailleurs, certains Houmfor sont plus simplement des… magasins d’articles Vaudou ! – On n’y trouve en fait presque jamais d’objets vraiment Vaudou car le Vaudou est caractérisé par ses rituels et sortilèges toujours faits pour des demandes bien précises mais on peut y trouver des souvenirs intéressants et / ou macabres à souhait ! Il n’y a pas beaucoup d’objets ou rites Vaudou à caractère général. Ainsi ces magasins regorgent-ils d’ingrédients. Ils sont généralement les fournisseurs des autres prêtres et sorciers et sont tenus plutôt par des Mambos ou des Bokor. Cependant, le simple quidam peut aussi aller y demander les services du Houngan qui le tient. Ces marchands du Vaudou s’avèrent parfois puissants… parfois…

Un dernier point sans lequel nous commettrions une injustice envers les Hounsi : en effet, les Hounsi, normalement des femmes ou plus rarement des hommes qui ont été éduqués comme des femmes, sont les serviteurs des Loa et du Houngan ou de la Mambo du Houmfor où elles officient. Tout en n’ayant pas le statut de Prêtre, elles sont initiées du Vaudou et à ce titre actives dans la conduite des Cérémonies (et dans les corvées de balayage qui s’ensuivent…) ou, plus quotidiennement, dans la gestion du Houmfor : nettoyage, prières, nourriture du Loa, etc. C’est grâce à elles qu’un Houmfor peut devenir célèbre et s’enrichir par le surcroît d’activité.