Elément commun de cette section : l'eau ou plutôt les eaux dans toute leur diversité ! Et là encore nous allons toucher tour à tour au Rituel et à des Trucs Vaudou des plus insolites…

La Marmite du Navigateur

C’est un mets requérant une très longue préparation et cuisson… et qui ne se mange pas ! On en connaît également des versions simplifiées, lesquelles ne fonctionnent bien que si on utilise une Boussole Vaudou en même temps. Dans cette variante la plus complète et la plus fiable de la Marmite du Navigateur, on emploie également de la Poussière au moment de flamber au Grog « kéroséné » – d’aucun prétendant que plus elle serait riche en Orichalque, mieux cela serait mais c’est encore à prouver ! – aucun autre élément extérieur n’est nécessaire pour obtenir l’effet attendu, à savoir de faire avancer un Navire dans une direction voulue et ce même en l’absence de vent et même face à des vents contraires !

Or, voici la « Recette » :

« Préparer trois gros oignons qu’on émincera, deux carottes bien juteuses et une poignée de serpolet. Mettre le tout à blanchir quelques minutes dans une grande marmite d’eau de mer dans laquelle on aura mélangé un grand mug de vinaigre de rhum. Réserver hors du feu et ouvrir la Clef et la Porte. Mettre à tremper dans le mélange tiédi une patte de poulet séchée, trois yeux de lézard au vinaigre et une petite douzaine d’ailes de libellules givrées au sucre de betterave. Laisser macérer toute une nuit – que l’on consacrera à des prières à Agoué pour s’éviter de gros ennuis ! – et au petit matin, faire filtrer le jus, flamber les autres ingrédients et une bonne cuillère à café de Poussière au grog dilué dans son volume de kérosène par une Monture d’Agoué avant de reverser le jus pour éteindre le feu. Remettre à mijoter dans le four. A l’ébullition ajouter une lampée de fiel de maquereau en invoquant ‘Baron Samedi à Ch’val’ » (Une façon d’invoquer le Grand Loa Z… sans le nommer car il ne faut surtout pas ! En effet, à ce moment le Navire coulerait comme un « Titanic » ! – référence de vieux marin dont on a perdu le sens) : « Une fumée brunâtre doit alors s’élever et surtout passer par la cheminée et à ce moment là une sorte de vent magique se lèvera et tu partiras où te pousseront les vents de ton désir ! »

Outre quelques erreurs qui changent tout au résultat, cette version de la recette produit bien un vent magique mais celui-ci s’accompagne d’un amoncellement rapide de gros nuages noirs et il se met alors presque aussitôt à pisser des crapauds gluants du ciel et ce jusqu’à ce que le four de la kitchenette soit arrêté et / ou qu’il n’y ait plus d’ébullition dans le chaudron.

Il ne reste plus qu’à savoir « traduire » correctement ses propres souhaits en ordres de navigation interprétables par le système Vaudou qui, faute de quoi, pilotera selon ses propres désirs, c’est-à-dire complètement au hasard : vous connaissez le mouvement des brownies ? Eh bien vous connaîtrez !

Rien de simple, on le voit donc : ingrédients, techniques culinaires, pratiques rituelles et enfin une (douloureuse et longue) expérience sont assez nécessaires pour manipuler cette Recette et les Trucs Vaudou Insolites associés mais il n’en reste pas moins qu’elle a révolutionné déjà la Navigation dans le Monde Connu… Et peut-être au-delà… Du moins pour ceux qui l’ont maîtrisé !

Bains de Chance

Les Bains de Chance sont des bains rituels que l’on prend pour obtenir la protection d’un Loa. Il existe des bassins naturels spécialement utilisés pour les Bains de Chance, en particulier en Hailthé, et généralement dédiés à des Loa Elémentaires. La deuxième grande catégorie de bassins et la plus répandue de par le Monde Connu est constituée par des bassins artificiels souvent construits au cœur d’un sanctuaire Vaudou, c’est-à-dire un Houmfor. On fait là plus souvent appel aux Loa utilitaires. Les Guédé ne sont quant à eux généralement pas appelés pour ce type de Rituel car on ne souhaite pas être noyé dans le Bain de Chance ! Ceci dit, les Bains de Chance sont avant tout un Rituel avec son cérémoniel spécifique au Loa dont on veut s’attirer les faveurs. Ils peuvent donc également avoir lieu chez soi ou dans des sources ou rivières sans caractère sacré particulier.

On peut cependant citer ce qui est probablement le lieu le plus connu pour les Bains de Chance en Hailthé, le Bassin-Zakka à Port aux Pinces, quartier du Bolosse, dont on n’a pas besoin de préciser le Loa dédié. Un autre lieu très fréquenté, naturel celui-là et localisé au centre de l’île, est le Seau d'Eau près de Ville Bon Air, en fait à peine un gros village, sauf lors des fêtes annuelles qui s’y déroulent en l’honneur de Hebieso, où a lieu un pèlerinage connu dans toutes les Carabines et même au-delà.

L’officiant est le plus souvent une Mambo ou un Houngan mais peut aussi être un Bokor, lequel ne s’en vantera a priori pas, car les gens savent bien qu’il n’est pas bon de confier sa chance à une telle personne. Certains qui ont essayé s’en sont bien mordus les doigts, voire n’en ont pas même eu l’occasion ; en effet certains Bokor très peu scrupuleux ont ainsi réalisé de véritables Bains de Malédiction, si on peut dire, faisant appel au pouvoir Guédé.

Le Rituel commence par une Cérémonie Vaudou classique, visant à attirer l’attention du Loa espéré et on trace autour du bassin les Veve adéquats. On enduit pendant ce temps l’impétrant – le Baigneur – de parfums et de sirop d'orgeat avant de le plonger dans le bain, où ont macéré des plantes médicinales, des fleurs, écorces, etc. On obtient ainsi la protection des Loa pour toutes sortes de choses, par exemple, la protection d’Agoué avant une sortie en mer qui promet d’être difficile…

Il arrive cependant parfois, au-delà du caractère incontrôlable de certains Loa, que le Rituel fonctionne trop bien, laissant fuser trop du Pouvoir des Loa au travers du Baigneur. Cela, loin d’être une aubaine, est en fait extrêmement dangereux et peut même transformer le désormais Malchanceux en Point-Garou, voire en Zop’p ! Avouons que ce n’est pas particulièrement affriolant…